Reproduction du buste de César en bronze, doré à la feuille d'or 22 carats ; musée de l'Arles Antique

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Histoire et techniques de la dorure : les outils du doreur

Histoire et techniques de la dorure

Petite histoire de la dorure

L’histoire et les techniques de la dorure commence avec l’âge des métaux. Dès cette époque l’or fascine. L’or pur est un métal noble, le plus malléable et ductile des métaux connus. Il est à la fois dense et tendre, il est aussi souple et résistant et d’une couleur jaune à reflets brillants. Grâce à ces qualités, il  symbolise l’immortalité et la richesse dans toutes les civilisations. De plus ce métal ne s’oxyde ni à l’air ni dans l’eau. Ainsi le fait qu’il préserve son éclat, rappelant celui du soleil, lui confère l’essentiel de sa valeur.

L’Histoire nous a légué des œuvres dorées à la feuille, qui constituent un patrimoine prestigieux, et des méthodes  traditionnelles de dorure d’une qualité irréprochable. On connaît des peintures égyptiennes qui présentent des orfèvres battant l’or pour le transformer en feuilles. Dès 1700 ans avant notre ère, on savait battre l’or. A l’Antiquité, les batteurs d’or obtenaient des feuilles très fines par martèlement. Ainsi les coups de marteaux  plaquaient le métal précieux  de façon à ce qu’il épouse les formes du support.

Dès le 6e s. on retrouve la dorure sur les enluminures, où elle orne  les manuscrits précieux avec de belles lettres d’or.

Mais c’est aux 17e et 18e s qu’on utilise plus largement la dorure qui est, à cette époque, associée au style baroque. Notre connaissance sur ‘histoire et les techniques de la dorure est ainsi perpétuée.

Les outils du doreur sont simples mais indispensables à une bonne maîtrise des techniques de la dorure. Cependant ils ont peu évolués au fil du temps.

Le coussin à dorer
Ce couteau est spécifique pour les feuilles d'or et ne peut être utilisé que sur le coussin.
Le couteau à dorer
La palette permet de manipuler les feuilles d'or
La palette à dorer
Le mouilleux sert à appliquer de l'eau sur le support à dorer.
Mouilleux
L'appuyeux avec sa forme plate sert à appuyer très délicatement les feuilles d'or sur le support.
Appuyeux
La pierre d'Agathe sert au brunissage de l'or.
Une Agathe

Ce sont les principaux outils que le doreur utilise. Il en existe bien d’autres, tout aussi spécifiques.

Technique de la dorure à la détrempe

Après l’histoire de la dorure, parlons un peu des techniques de la dorure. Commençons par la dorure à l’eau.

LA DORURE A L’EAU dite aussi à la détrempe : C’est le procédé le plus couramment utilisé sur bois avec des feuilles d’or, d’argent ou de cuivre. Car les autres métaux sont trop lourds pour être appliqués à la détrempe.

Dès la période gothique cette technique permet des effets métalliques et mats qui la distinguent des autres dorures. Grâce à l’application d’une couleur que l’on appelle une assiette, l’or a un éclat différent selon que l’assiette est rouge, noire, bleue ou verte. Alors le brunissage intervient après la pose de la feuille d’or et lui donne un aspect d’or massif.


Les apprêts :  plusieurs couches de blanc de Meudon mélangé à la colle de peau de lapin contribuent à la préparation d’une belle dorure. Cette étape définira  la qualité des jeux de fond et le brunissage de la dorure. Le doreur pose les apprêts à chaud.


Le jaunissage
 : à base d’ocre et de colle de peau, le doreur pose le jaunissage aussi  à chaud, comme toutes les étapes préalables à la dorure. Le jaunissage permet de camoufler les innombrables fissures qui se produisent dans les endroits difficiles. J’aime à dire que c’est un trompe-l’œil.


L’assiettage : à base d’argile kaolinique et de colle de peau, cette préparation s’applique avec un pinceau très fin, le petit gris.  On insiste particulièrement sur les endroits en reliefs destinés à être brunis.


Le chiennage
 : il consiste à frotter les endroits assiettés avec un pinceau nommé « le chien ». Il permet d’ôter tous les petits grains qui ne manquent pas de se former en surface. Sans cette action, les petits grains nuiraient  au brunissage.


La pose de la feuille d’or : cette application très délicate requiert plusieurs années d’apprentissage avant d’être parfaitement maîtrisée. Parfois le jonflage (souffle avec la bouche) permet d’aplanir la feuille d’or sur le coussin à dorer. Les feuilles d’or ne tolèrent pas d’être touchées avec les doigts. C’est pourquoi le doreur les manipule avec une palette en poils naturels. Il utilise aussi un  couteau à dorer pour couper les feuilles d’or, et un mouilleux, pinceau à mouiller, pour mouiller le support à dorer.

Le doreur mouille alors abondamment les endroits choisis avec de l’eau avant de poser les feuilles d’or. L’appuyeux, pinceau pour appuyer, aide la feuille à adhérer au support. L’assiette doit rester trempée mais on veillera à changer d’appuyeux dès que celui-ci est humide. Sans quoi la feuille d’or resterait collée à l’appuyeux.


Le brunissage : après le séchage total du support doré, le doreur effectue le brunissage sur les parties assiettées avec la pierre d’Agathe. Alors l’or devient  brillant sur ces parties qui contrastent avec les parties restées mâtes. Mais cette étape est également très délicate car il ne faut pas rayer l’or.


Le ramendage : il permet de réparer les parties lacunaires si nécessaire selon le procédé décrit précédemment.


Le mâtage
 : il a deux fonctions. D’une part Il protège l’or et d’autre part il modifie son éclat. Le doreur fait le matage avec la colle de peau ou un vernis gomme laque, très dilués. Cette étape non obligatoire permet aussi de patiner les parties restaurées. Pour cela le doreur prépare sa recette pour ‘vieillir’ l’or neuf.

Technique de la dorure à la mixtion

 

Plus facile et plus rapide que les autres techniques, on utilise la dorure à la mixtion souvent en complément de la dorure à la détrempe. Cependant cette technique ne permet pas le brunissage. Sans quoi la feuille d’or serait alors arrachée. Cette technique de dorure a tendance à aplatir les volumes.

 

 

Les étapes de la dorure à la mixtion :

  • D’abord l’apprêtage au blanc de Meudon
  • Puis l’application d’un bouche pores au vernis gomme laque teinté en jaune
  • Ensuite l’application de la mixtion en une seule couche fine et uniforme, qui peut être teintée
  • Enfin la pose de la feuille d’or, qui happée par la mixtion et encore toute fripée, sera ensuite lissée au pinceau..

Je vous ai présenté de façon synthétique l’histoire et les techniques de la dorure à la détrempe et à la mixtion. Cependant il existe  d’autres techniques. Il faut bien définir avant de commencer un travail, le résultat que l’on souhaite, la matière de l’objet à dorer et sa destination. Notre objet va t-il en extérieur ou en intérieur ? Est-ce un objet utilitaire ou seulement de décoration ? Pour en savoir davantage, je vous invite à venir faire un stage dans mon atelier.

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